Vivre le silence
Le silence au carmel
une source de paix dans la prière
"Ma Règle me dit : “Votre force sera en silence”. Il me semble donc que conserver sa force au Seigneur, c’est faire l’unité en tout son être par le silence intérieur, c’est ramasser toutes ses puissances pour les “occuper” au “seul exercice de l’amour” c’est avoir cet “œil simple” qui permet à la lumière de Dieu de nous irradier.
"Réfrène soigneusement ta langue et ton imagination, aie habituellement ton affection en Dieu, et ton esprit se sentira divinement apaisé",
Un combat spirituel
Le silence est le climat habituel du Carmel. Cela n’empêche pas les relations fraternelles comme celles du Chapitre hebdomadaire, .
La solitude et le silence sont totalement ordonnés au respect de la prière personnelle, au dialogue intime avec Dieu, qui est la mission ecclésiale du carme et de la carmélite :"Que chacun demeure seul dans sa cellule ou près d’elle méditant jour et nuit la loi du Seigneur (Psaume 1,2) et veillant dans la prière (1 Pierre 4,7)" (Règle du Carmel 6).
Pour apprivoiser le silence
Ainsi, le silence n’est pas une fin en soi, une manière commode, sous couleur de bien, d’éviter les contacts avec les autres pour entretenir le confort personnel d’un moi étouffant.
Non, le silence intérieur est la condition de l’amitié avec Dieu.
Le silence n’est pas une privation, c’est un bien précieux.
Pourtant, Dieu ne cesse d’appeler l’homme à la communion avec lui, entretenue dans l’oraison silencieuse.
Pour apprivoiser le silence, le Carmel, par sa tradition et ses maîtres, aide à l’aimer, à le désirer : "Nous devons, écrit sainte Thérèse, plus que tout, nous efforcer d’aimer ce qui nous aide à bien faire oraison" (Chemin de perfection, manuscrit de l’Escorial, 6,6).
Aimer le silence, c’est accepter d’entrer dans sa cellule intérieure pour retrouver celui qui au plus intime ne cesse de prononcer des paroles de vie. Le 15 août 1892, sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus écrivait à sa sœur Céline : "Et ce bien-aimé instruit mon âme, Il lui parle dans le silence, dans les ténèbres..." (Lettre 135).
"On peut aussi imiter les saints en recherchant la solitude, le silence, et en pratiquant beaucoup d’autres vertus qui ne tueront point nos misérables corps que nous voulons traiter si bien qu’ils en maltraitent l’âme". S’habituer au silence est un grand bien pour les âmes d’oraison" (Chemin de perfection, manuscrit de l’Escorial, 6,6).
Le silence est nécessaire à l’écoute de Dieu qui parle comme à Élie, dans "le bruit d’une brise légère" "Car un silence continuel et un éloignement perpétuel du bruit du monde conduisent nécessairement à la méditation des choses du ciel"
Persévérer humblement
Comme pour le trésor enfoui dans le champ (Matthieu 13,44), il faut souvent beaucoup peiner pour s’extraire du bruit ambiant afin d’entrer dans le silence du cœur. Pour y parvenir, il ne faut pas hésiter à utiliser des moyens simples et faciles à réaliser : trouver un endroit calme, par exemple une église, une pièce dont l’aménagement ne renvoie pas immédiatement aux occupations habituelles, comme le lieu de travail. Puis, prendre une position confortable, car le corps va rapidement réclamer ses droits et le faire sentir.
Au début, il est important de déposer tout ce qui encombre l’esprit, quitte à le noter, pour ne pas y revenir. Enfin, fixer son attention sur Dieu, simplement, sans discours, à l’aide d’une image ou d’un passage de l’Écriture. Progressivement, le calme va se faire, le silence s’approfondir et l’Esprit jaillira. Progressivement, peu à peu… Il ne faut pas se décourager, mais persévérer humblement.
Que l’on vive dans le "monde" ou dans le cloître, la pratique du silence est toujours difficile, car l’absence de bruit déclenche souvent la crainte, voire la panique.